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04/09/2013 15:42

L’HÔTESSEEt moi, je vous souhaite une bonne nuit. Il est tard, et il faut que je sois la dernière couchée et la première levée. Quel maudit métier ! Bonsoir, messieurs, bonsoir. Je vous avais promis, je ne sais plus à propos de quoi, l’histoire d’un mariage saugrenu : et je crois vous avoir tenu parole. Monsieur Jacques, je crois que vous n’aurez pas de peine à vous endormir ; car vos yeux sont plus qu’à demi fermés. Bonsoir, monsieur Jacques.LE MAÎTREEh bien, notre hôtesse, il n’y a donc pas moyen de savoir vos aventures ?L’HÔTESSENon. longchamps pliage pas cher
JACQUESVous avez un furieux goût pour les contes !LE MAÎTREIl est vrai ; ils m’instruisent et m’amusent. Un bon conteur est un homme rare.JACQUESEt voilà tout juste pourquoi je n’aime pas les contes, à moins que je ne les fasse.LE MAÎTRETu aimes mieux parler mal que te taire.JACQUESIl est vrai.LE MAÎTREEt moi, j’aime mieux entendre mal parler que de ne rien entendre.JACQUESCela nous met tous deux fort à notre aise. longchamp pliage Je ne sais où l’hôtesse, Jacques et son maître avaient mis leur esprit, pour n’avoir pas trouvé une seule fois des choses qu’il y avait à dire en faveur de Mlle Duquênoi. Est-ce que cette fille comprit rien aux artifices de la dame de La Pommeraye, avant le dénouement ? Est-ce qu’elle n’aurait pas mieux aimé accepter les offres que la main du marquis, et l’avoir pour amant que pour époux ? Est-ce qu’elle n’était pas continuellement sous les menaces et le despotisme de la marquise ? Peut-on la blâmer de son horrible aversion pour un état infâme ? et si l’on prend le parti de l’en estimer davantage, peut-on exiger d’elle bien de la délicatesse, bien du scrupule dans le choix des moyens de s’en tirer ?Et vous croyez, lecteur, que l’apologie de Mme de La Pommeraye est plus difficile à faire ? Il vous aurait été peut-être plus agréable d’entendre là-dessus Jacques et son maître ; mais ils avaient à parler de tant d’autres choses plus intéressantes, qu’ils auraient vraisemblablement négligé celle-ci. Permettez donc que je m’en occupe un moment.Vous entrez en fureur au nom de Mme de La Pommeraye, et vous vous écriez : « Ah ! la femme horrible ! ah ! l’hypocrite ! ah ! la scélérate !… » Point d’exclamation, point de courroux, point de partialité : raisonnons. Il se fait tous les jours des actions plus noires, sans aucun génie. Vous pouvez haïr ; vous pouvez redouter Mme de La Pommeraye : mais vous ne la mépriserez pas. Sa vengeance est atroce ; mais elle n’est souillée d’aucun motif d’intérêt. pascherlongchampsacsoldes.net
On ne vous a pas dit qu’elle avait jeté au nez du marquis le beau diamant dont il lui avait fait présent ; mais elle le fit : je le sais par les voies les plus sûres. Il ne s’agit ni d’augmenter sa fortune, ni d’acquérir quelques titres d’honneur. Quoi ! si cette femme en avait fait autant, pour obtenir à un mari la récompense de ses services ; si elle s’était prostituée à un ministre ou même à un premier commis pour un cordon ou pour une colonelle ; au dépositaire de la feuille des Bénéfices, pour une riche abbaye, cela vous paraîtrait tout simple, l’usage serait pour vous ; et lorsqu’elle se venge d’une perfidie, vous vous révoltez contre elle au lieu de voir que son ressentiment ne vous indigne que parce que vous êtes incapable d’en éprouver un aussi profond, ou que vous ne faites presque aucun cas de la vertu des femmes. Avez-vous un peu réfléchi sur les sacrifices que Mme de La Pommeraye avait faits au marquis ? Je ne vous dirai pas que sa bourse lui avait été ouverte en toute occasion, et que pendant plusieurs années il n’avait eu d’autre maison, d’autre table que la sienne : cela vous ferait hocher de la tête ; mais elle s’était assujettie à toutes ses fantaisies, à tous ses goûts ; pour lui plaire elle avait renversé le plan de sa vie. Elle jouissait de la plus haute considération dans le monde, par la pureté de ses mœurs : et elle s’était rabaissée sur la ligne commune. On dit d’elle, lorsqu’elle eut agréé l’hommage du marquis des Arcis : « Enfin cette merveilleuse Mme de La Pommeraye s’est donc faite comme une d’entre nous… » Elle avait remarqué autour d’elle les sourires ironiques ; elle avait entendu les plaisanteries, et souvent elle en avait rougi et baissé les yeux ; elle avait avalé tout le calice de l’amertume préparé aux femmes dont la conduite réglée a fait trop longtemps la satire des mauvaises mœurs de celles qui les entourent ; elle avait supporté tout l’éclat scandaleux par lequel on se venge des imprudentes bégueules qui affichent de l’honnêteté. Elle était vaine ; et elle serait morte de douleur plutôt que de promener dans le monde, après la honte de la vertu abandonnée, le ridicule d’une délaissée.